Chroniques

C’est quoi la vie pour toi ?

Avril 2021

C’est quoi la vie pour toi ?

Lors de mon entretien d’embauche comme DGA à la MRC de Roussillon en juin 2010, cette question me fut posée.  Après 3 mois de recherches d’emploi infructueuses, je me sentais inquiète face à cette X ième entrevue. Au jour fatidique, mon amoureux me conseilla de prendre cela comme un jeu.

  • L’important c’est de t’amuser.
  • Bien oui toi, prendre plaisir à quelque chose qui me stresse au coton, est-ce que ça se peut?
  • Bien sûr, tu es capable, sois naturelle et dis-toi que le but du jeu, c’est d’être véridique
  • Ouin…

Pour ce jour, qui marqua mon destin, je m’arrange pour être au top sans trop de flafla.  Cela va de soi.   Arrivée sur place, je me retrouve devant 3 intervieweurs. Les présentations d’usage faites,  je les sens impressionnés par le rayonnement de ma présence.  😇  Comment aurais-je été capable de faire autrement? Je suis de même, que voulez-vous…

Toujours est-il qu’au milieu de l’entrevue, le recruteur m’adressa cette question tout juste après celle portant sur le projet de Loi 109 sur l’éthique et la déontologie en matière municipale d’où je crois avoir marqué beaucoup de points à cette question.

Question de même « C’est quoi la vie pour toi ? »

Euh!   Mais ou est-ce qu’il s’en va avec ses skis  (pensais-je)? Ne sachant quoi répondre vite de même. En entrevue, tout est stratégie, en fait je pense.

Contexte

Voici le contexte :

En 2010, je perds mon emploi le jour de mon anniversaire, le 5 mars. Je suis au « CHÔMAGE » après 25 ans de carrière.  Un dur coup à avaler, car je ne l’ai pas vu venir.  Tout un choc , je suis commotionnée. De plus, je me marie 3 mois plus tard.   Comment vais-je y arriver ?  Ça provoque toute une remise en question. Pour tout vous dire, le temps s’est arrêté et l’interminable recherche d’emploi débute.

Sachant que la pratique d’activités physiques exerce une grande et très bonne influence sur le mental, je m’inscris à un gym et je m’y donne à fond du genre 4 jours d’entraînement pendant 4 mois accompagné de quelques séances chez le psy pour m’aider à comprendre ce qui m’arrive.  La recherche d’emploi n’a rien de simple.  Plusieurs portes se ferment à peine entre ouverte.

À la suite de quelques entrevues décevantes, et par pur hasard, j’ai eu l’unique expérience de rencontrer un chasseur de têtes qui me fut d’une chance inouïe. Soucieux, à l’écoute, ce fut une rencontre d’une richesse précieuse.  L’humain et la personne étaient primordiaux pour lui.   Le bon moment pour moi, quoi! Enfin je trouvais quelqu’un qui me redonnait confiance.

Grâce à ses interventions, me voilà convoquée à une entrevue pour le poste de DG adjoint à la MRC de Roussillon, une organisation municipale supérieure.   Étant une femme d’action, mes expériences de travail municipal (plus de 25 ans) m’ont façonnée. J’ai à cœur ce secteur d’activité.  Je ne me n’en suis jamais lassée.  La politique municipale est générationnelle pour moi.  Un peu comme Obélix, suis tombée dedans dès le bas âge.  Mes arrières Tessier furent des bâtisseurs de la municipalité de Saint-Majorique-de-Grantham d’où je suis née et vécue pendant 40 ans.  Des visionnaires de l’époque, quoi! La politique a toujours coulé dans les veines de cette famille de Tessier qu’est la mienne.

Entourée de politiciens avec un grand-père qui fut maire, un père qui fut conseiller municipal et impliqué dans sa communauté, commissaire scolaire, siégé au conseil d’administration du comité des loisirs, comité agriculture, etc. faut dire que la politique m’a bordée dès ma jeunesse jusqu’à aujourd’hui.  Le rôle de mes ancêtres, ma famille immédiate m’ont grandement tracé la voie.

Toujours est-il qu’ils sont a un bout-de-table de conférence et moi à l’opposé. Avant de débuter, quelques silences s’installent. Ils te regardent, examinent tes réactions.  J’ai une sensation désagréable de mal d’estomac, de nervosité dans le tapis.  Beurk! Les questions commencent.

Tsé les questions du genre :  Où tu te vois dans 5 ans ? Ou bien : Qu’est-ce qu’un ancien patron dirait de toi si on le contactait… Ou une autre du genre : « parle-nous de tes forces et tes faiblesses ».  Mon chéri et moi les avions anticipées ces fameuses questions et je m’y étais préparée sans bon sens .  Tellement facile de répondre afin de « scorer » à tout coup. J’évite de passer, et je dis bien « évite » à peine de paraître pour une superwomen.

  • Ah, vous savez, je suis tellement perfectionniste; avant tout je souhaite fournir un excellent travail. Mon patron dirait que je n’arrête jamais, une workaholic, je vous jure.  (Ironiquement je l’ai dit)
  • Forces et faiblesses : Hum… attendez que j’y réfléchisse, pour le moment j’en vois pas, avec un sympathique sourire et un charme assuré sans en mettre trop tout en répondant par la suite que je suis exigeante au niveau de la qualité du travail… Afin de ne pas être sarcastique, est-ce une faiblesse ça ou une force !!!  (Eh oui! je l’ai dit aussi)

Je reviens à la question.  « C’est quoi la vie pour toi? »

Mon hamster courrait super vite. Quoi répondre ? Je mentionne mon mariage dans 8 jours.  Vous savez, avec une famille recomposée de 6 enfants, ça sera un moment tellement magique. Et tout à coup, je deviens émotive, j’ai chaud, les mains moites , émue, mettons que j’ai le motton; trop même. Je ravale et peine à parler. Les yeux pleins d’eau, je baragouine quelque chose du genre :

  • Être heureux c’est facile. C’est un choix et c’est ce que j’ai fait. Choisir pour ma grande famille. Je ne peux en dire plus, car je sens que je vais brailler ma vie… Je ne comprends pas et suis ‘flabergastée » par cette réaction intense.

En gros ça ressemblait à ça ma réponse. J’aurais pu approfondir davantage pour tenter de marquer un point sauf qu’à mon grand étonnement, j’étais incapable d’en dire plus.  Et vous, qu’auriez-vous répondu ?

À les voir, ils furent , eux aussi, décontenancés de mon émotivité. À l’évidence,  ils n’avaient pas anticipé cette réaction.  Toujours est-il que j’ai obtenu l’emploi. Ça fait maintenant 11 ans que je travaille à la MRC de Roussillon. Je m’y plais toujours.

Lorsque j’ai revu le recruteur, croyez-moi je l’ai apostrophé en faisant une rétroaction sur mon entrevue :

  • Gilles, veux-tu bien me dire pourquoi cette question portant sur la vie
  • C’est simple.  Couramment je pose une question déstabilisante vers le ¾ de l’entrevue ce qui me permet d’évaluer la capacité d’adaptation dans une situation imprévue.
  • Ah bon, répondis-je en hochant de la tête

En tant que responsable des RH à la MRC, j’ai retenu cette pratique que j’applique souvent dans le cadre des entrevues d’embauches actuelles.  J’avoue que j’y prends un malin plaisir. 😈 C’est fou les réactions que ça engendre.  Ma question préférée :

  • Quel animal êtes-vous : lion ou tigre ? Et pourquoi ?

L’humour est toujours le bienvenu avec une question farfelue. Difficile de s’y préparer avec une question de ce genre-là. Une candidate pour un poste technique :

  • Euh! Je ne sais pas… Accompagné d’un rire nerveux intense, trop même. Bizarre votre question, non!
  • Non, non, allez-y, répondez sans gêne
  • Lion peut-être
  • D’accord, et pourquoi lui demandais-je
  • Euh… (Encore une fois) parce qu’il a une belle crinière, ou bien parce qu’il a une belle couleur, et lorsqu’il rugit, les autres autour de lui se sauvent…
  • Ah bon, répondis-je en sourcillant!

En fait, il n’y a pas de mauvaises réponses et elles sont toutes différentes d’un candidat à l’autre. C’est stupéfiant les réactions immédiates que j’ai eues.  En fait, le but est fort simple.  Je recherche, dans les réponses,  les valeurs humaines du personnage, la capacité de développer la spontanéité.  Pour ce genre de question, habituellement nous transposons nos qualités à l’animal mentionné, si, bien sûr, on veut être stratégique.

Lisez celle-ci :

La meilleure provenant d’UN candidat :

  • Sérieux, là, pourquoi cette question, ça vient faire quoi ça dans une entrevue
  • Sois spontané, que je lui réponds
  • Il se cale dans la chaise, me regarde tout sourire, dents Pepsodent…
  • Euh, le lion,
  • Et… pourquoi?
  • (Silence…) Parce qu’il a plein de femelles autour de lui.
  • Ah bon… (Celle-là je ne m’y attendais pas…)
  • Bon , pour être politiquely correct  je vais préciser qu’il aime la chasse et paresse au soleil  dit-il avec ses yeux de biche

Oui, oui il a dit cela croyant me charmer.  Bref ce fut l’inverse.  Ça l’a quand même déstabilisé lui qui était assez, voire même un peu arrogant. 😉  D’ailleurs, plus d’un candidat ne fut pas en mesure de répondre à cette question.  J’ai testé mon amoureux sur cette question et il a répondu:

  • HUM…. à cause de sa fougue, de sa prestance, du respect que les autres ont envers lui
  • Ah… je t’engage

Dernièrement, j’ai adressé celle-ci à la fin d’une entrevue d’embauche :

  • Quelle a été la leçon la plus précieuse de votre carrière?

Mon directeur général (un autre Gilles, définitivement je suis entourée de Gilles : mon père, le recruteur, mon DG) m’accompagnait à une entrevue de poste-cadre  et me dit :

  • Colette, tu as de mosus de bonnes questions ; tu prends ça où? Vite de même qu’est-ce que tu répondrais, toi ?

Il ne m’a pas mis au défi bien longtemps. J’ai su instantanément quoi lui  répondre:

  • Tu sais, c’est une leçon morale apprise dans ma jeunesse qui m’a beaucoup servie non pas seulement dans ma carrière professionnelle, mais aussi ma vie personnelle.

Je lui parle des traits de caractère de mon père Gilles et de sa fameuse phrase qui nous disait, dès notre bas âge et tout au long de notre vie d’adulte, lors d’un souci, de divergence, de mésentente avec des camarades de classe ou que l’on était perturbé où tracassé      :

  • Il disait avec beaucoup d’intensité qui le caractérise si tant, « Colette, tasse les branches »

Assez simple, mais plein de bon sens. Je crois sincèrement que c’est la meilleure et la plus importante leçon pour moi. Elle m’a marquée, m’a forgée pour la vie et fût d’une grande influence. Par ces 3 mots, mon père ne souhaitait pas qu’on pleurniche sur notre sort ni sur son dos d’ailleurs.   Oh que non… « Tasse les branches » signifiant « fais ton chemin et trouve LA solution.

Des leçons, nous en apprenons toute notre vie de par notre famille, nos amis, nos collègues, notre entourage. Faut rester à l’affût, car il y en a des tas. Une chose est sûre, ce sont ces leçons qui façonnent nos valeurs morales, humaines et par la suite que nous transmettons à notre génération qui nous précède.

DANS ma cour

Nul besoin de vous dire qu’au fil du temps et qu’avec toutes ces leçons, je suis reconnaissante envers les personnes qui ont croisé mon chemin.

Ainsi donc, vous ne serez pas étonné que j’aborde, en terminant, une valeur tellement présente dans nos vies depuis 2020 ; c’est-à-dire la résilience.  Au fond, il s’agit de notre capacité à faire face aux évènements. Je vous raconte la mienne.  Voici :

Il m’arrive, à l’occasion d’utiliser de vieux mots français ou bien des expressions que l’on n’entend plus souvent.  Ça me vient de ma mère.  Diplômée en juin 1947, il était inscrit sur son long et imposant certificat :  « 

 

Ayant subi avec « grande » distinction les examens prescrits et a fait preuve des aptitudes requises pour diriger une école primaire élémentaire française et « N’ayant rien remarqué dans ses mœurs, sa conduite ou son caractère, qui la rende impropre à exercer les fonctions d’institutrice », je crois devoir vous la recommander pour qu’il vous plaise de lui conférer un « Brevet élémentaire d’enseignement primaire ».   Il était signé par le surintendant au Département de l’Instruction publique. 

 

 

 

 

Bien qu’elle détenait un brevet de l’école Normale, qu’elle insistait pour une écriture soignée avec les bons accords de verbe; des trésors de mot elle en avait beaucoup et  dont elle utilisait à l’occasion; une autre richesse qui lui appartenait.

Donc, l’autre jour je dis à mon chum :

  • Coudonc !, ont fini par s’accoutumer à notre quotidien terne, c’est une question d’habitude, je crois .

Et lui de me répondre :

  • Ça existe ce mot-là « accoutumer », toi pis tes vieux mots majoriquois (lien avec la municipalité ou j’ai vécu 40 ans  à Saint-Majorique-de-Grantham)
  • Oh! tu me sèmes le doute là… Je ne sais pas, ça doit être du vieux français de ma mère. Je relance mon meilleur ami Google pour savoir.  Surprise :  ça existe et signifie de s’habituer à un genre de vie.

En effet, on  s’est accommodé et  on a cuisiné plus, mangé plus, pris du poids, on s’est tapé du Netflix, des romans , des casse-têtes, et on a moins bougé, moins dépensé, moins magasiné, moins consommé d’alcool et drogue (c’était pour vous faire sourciller)  🤪  surtout nous avons constaté que nous faisions de plus en plus de rêves bizarres , voire même violents. Semble-t-il que c’est un effet relié également à cette pandémie.

Voilà !  En gros, dans notre quotidien depuis mars 2020, chéri et moi, nous nous sommes accoutumés.  Ça ne veut pas dire pour autant que l’on a apprécié cette accoutumance.  Au contraire, notre quotidien fut bousculé, isolé de notre famille, de nos amis, privée des gestes de tendresse de nos enfants et petits-enfants. Nous avons toujours essayé d’être optimistes et d’accepter puisque l’on ne peut modifier cette situation.

Chose certaine, cet été sera différent de l’an passé.  Certes, nous flânerons toujours dans notre cour arrière. Sauf qu’ayant été opérée l’automne dernier à mon genou qui m’handicapait beaucoup au cours de la dernière année, je pourrai ENFIN me déplacer pour : faire de la photo, entretenir les plates-bandes, plus de baignade, plus de marche, visiter des trucs qui nous seront permis selon les consignes sanitaires, etc.

Vivement la fin de cette pandémie et le retour de notre vie sociale qui marquera le début d’un renouveau.  Et comme au jour de l’an, qui amène à chaque début d’année à prendre des résolutions pour soit se réapproprier une alimentation équilibrée, de bouger et d’adopter de saines habitudes de vie; alors, souhaitons-nous qu’avec un retour à une normalité tant attendu, que nous ayons appris de cet isolement et que les changements que nous apporterons dans nos vies soient les meilleurs.

Arriverdici…

La vie c’est comme un jardin

  La vie, c’est comme un jardin, au début , un petit rien

Que l’on sème quand il fait beau , et qui germe bien au chaud

La vie, c’est comme un jardin , une graine qui a besoin de soleil, de terre et d’eau , ce qu’il faut

La vie, c’est comme un jardin, faut la prendre à pleines mains

Qu’il y ait des bas et des hauts ; quelle que soit la météo

La vie, c’est comme un jardin, toujours bien en prendre soin;  C’est la nature en cadeau Et c’est beau!

 

Quelques photos d’avril démontrant la température yoyo de ce mois.

 

 

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