Terme entendu lors d’une émission du matin à Radio-Canada; le chroniqueur mentionnait que vu ses 50 ans, dorénavant il commencerait à s’intéresser au « People watching » ; activité réservée à des personnes de certains âges ou des personnes âgées, disait-il.
Hum, ça m’a turlupiné un brin, suffisamment en tout cas pour que j’écrive un article à ce sujet. Non pas que je dépasse les 50 ans, mais plutôt le fait que le « people watching » est stéréotypé envers les personnes âgées. Erreur lui aurais-je répondu si j’avais eu droit de parole.
On a tous en tête l’image de personnes retraitées traînassant (« chiller » comme disent les plus jeunes) dans les centres commerciaux. Selon le connu Wikipédia; le people watching se veut «une conduite d’observation des gens et ce, généralement à leur insu. C’est considéré comme un passe-temps pour ce groupe d’individus, mais pour beaucoup d’autres, c’est une activité subconsciente à laquelle ils participent tous les jours sans même s’en rendre compte. » Bien voilà, nulle mention de l’âge (les aînés ont peut-être plus le temps de le pratiquer par contre…)
En fait, je pense, que le people watching est une activité de tout âge et fort instructif. Tout le monde a un petit côté « voyeur » ou curieux. Est-ce juste moi qui suis une people watching? L’êtes-vous ? Pensez juste à un accident sur la route qui survient… on veut voir ce qui est arrivé. Si bien qu’il en résulte de gros bouchons de circulation. Qui de vous bien assis tranquille soit dans un café ou une terrasse, soit seul au resto ou soit en attente de quelqu’un qui vient vous chercher, et là, vous observez tout ce qui se trame autour de vous et hop, l’imaginaire part! On devient vite sensible aux détails et nous faisons beaucoup d’hypothèses. Ce que l’on peut être imaginatif ou créatif…..
Pour tout vous dire…
Le 19 février 2000, lors de mon tout premier rendez-vous amoureux après deux années de célibat dans un restaurant du Vieux-Montréal, avec un cachet particulier, nous étions tout sourire, mais pas trop. Après tout, c’est notre première rencontre après deux longs mois de « MIRC Chat » c’est-à-dire un logiciel de discussion instantanée de cette époque (bien avant Messenger). Du temps des gazouillis émis par la connexion du modem téléphonique!
Nous étions assis près de la fenêtre, ambiance feutrée, quoi de plus romantique pour ce rendez-vous qui marqua ma vie 👩❤️👨 . De ma place, je pouvais observer un couple dans la soixantaine se parlant à peine, pas bruyant pour 5 cents, eau minérale sur la table, pas de vin, dégustant leurs plats et qui semblait ne pas avoir de sujets de discussion. De bons voisins de table quoi ! J’en déduis que c’est leur routine, leur souper de fin du mois, ou alors que le 14 février 2000 étant un lundi alors le monsieur se reprend le samedi, ou bien que monsieur amène sa dame pour lui faire plaisir, bof…… À première vue, il semblerait qu’elle n’en a pas. Depuis combien de temps sont-ils ensemble ? Sont-ils amoureux ? À la retraite ? Une femme soumise, un homme contrôlant…bref. Une histoire s’installe en un éclair dans ma tête, un scénario dont je ne connais pas la fin ni la véracité. Ne connaissant pas leur vécu, je m’en forge un.
Quoi qu’il en soit, je dis à mon amoureux ?
- On vas-tu être comme eux à cet âge-là ?
Mon amoureux de me répondre :
- Je ne pense pas, nous aurons toujours quelque chose à se raconter.
Après 21 ans, je vous le confirme, je ne m’ennuie toujours pas.
Certes, ce n’est pas parce que l’on se retrouve au resto que l’on est obligé de socialiser avec tout le monde. Par contre, je trouvais ça moche pour ce couple, car il semblait ne pas profiter du moment présent.
Voilà, ce fut mon people watching de cette soirée mémorable. Je n’ai aucune honte à vous dire que j’aime observer les gens, le non verbal, le ton des voix, mon entourage, l’environnement. En fait, ça décrit la vie. Ce que vous pouvez apprendre d’un simple coup d’œil. Par contre, loin de moi les moqueries, de mettre mal à l’aise les gens. Et ce n’est surtout pas un jeu. Je vous rassure je ne suis pas une tueuse en série et ne possède ni de côtés pervers et ne suis pas une personne harcelante, loin de là!
Tout un art
Ça dépend ce que vous « zyeutez »… Pour ne pas attirer l’attention, apportez soit un livre, soit votre IPad. Mine de rien, vous regardez. Cette pratique exige l’utilisation de nos sens et nous donne non seulement une vision de notre entourage, mais aussi sur notre milieu de vie. Entre autres, nous le faisons pour passer le temps et devenons des témoins muets.
Depuis que je suis jeune, mon père m’incitait à avoir l’œil vif. En été, afin de passer le temps (toujours ce foutu temps) on se balançait après le souper . Mon père , cigarette au bec, se permettait cette courte détente après une journée éreintante de dur travail dans les champs . Tous les deux , dans la balancelle, nous regardions les automobiles passées et il me faisait deviner la marque, le modèle, l’année. Parfois, il me faisait remarquer que ce véhicule avait passé la veille vers la même heure. Souvent, des histoires inventées par mon père accompagnaient le passage des véhicules. Chaque histoire et chaque personne avait de l’importance et signifiait tellement pour lui. A cette époque je n’aurais pu dire, et il ne le savait pas lui-même, néanmoins je prends conscience qu’il m’a appris, à sa manière, à avoir un regard différent et à observer.
Selon Marisa Lenardson : « Observer et absorber ; c’est l’une des meilleures choses que la vie a à offrir. » Bien d’accord. Je ne pouvais dire mieux. En plus, c’est gratos!
À titre d’exemple de people watching
- Qui d’entre vous, a déjà flâner sur une terrasse? n’avez-vous pas regardé les gens marcher dans la rue alors qu’ils ne savent pas que vous les regarder ?
- Vous roulez en voiture, et lors d’un dépassement, comme si de rien n’était, vous regardez le ou les passagers du véhicule d’à côté
- Les tatouages de la personne en face de vous dans la salle d’attente vous intriguent ?
- Vous voyez une jeune fille ou un jeu homme, peu importe avec son cellulaire ? Qu’écrit-elle ? Que regarde-t-elle ? YouTube, Facebook, Instagram
- Sur un banc de parc voir arriver les gens de tout bord, prendre un passant au hasard, regarder ses expressions, ses gestes, le suivre du regard
- Sur la plage, ah! c’est « le » meilleur endroit de people watching. Comme dirait mon amoureux c’est le « doudounne watching » avec un livre et lunette soleil dont on ne sait pas où les yeux regardent…. Hum….là il y en a full comme on dit des histoires de toutes sortes. Vous souvenez vous de la publicité Corona où la fille presse une lime dans les yeux de son amoureux qui reluque les donzelles?
- Surprendre une discussion bizarroïde, et tout faire pour ne pas l’écouter toutefois c’est plus fort que nous!
Et la photo dans tout ça…
Je tiens fortement à vous préciser qu’il ne faut pas confondre le « people watching » avec la pratique qu’est la photo de rue ou plutôt photo sur le vif, une pratique que j’affectionne particulièrement.
Alors, pourquoi prendre des photos au hasard ? Fort simple. La photo de rue me permet de saisir des moments qui ne se produisent qu’une seule fois. On flâne et par le regard le bon sujet se pointe.
Sans dire un mot, je découvre et j’explore les non-dits. La curiosité, qui peut être un défaut pour certains, me pousse à vaincre ma timidité. Avec mon appareil, ç’a créé une barrière psychologique ce qui me permet d’oser. C’est indispensable à la pratique de photo de rue de regarder les gens, de les analyser, de voir l’environnement, d’avoir ce désir d’apprendre et d’anticiper l’instant qui ne dure qu’un instant. En fait, je me fais la plus discrète possible et évite les contacts.
Plus précisément : (photos à la fin de l’article)
- Celui qui attend, cigarette au bec avec son café Mc Do au coin de la rue
- Le reflet d’un piéton sur la vitrine de l’immeuble
- Le vélo abandonné
- Un homme solitaire prenant son café, regardant son journal
- Un chien accompagnant son maître lors d’un évènement
- Un clown divertissant les enfants
Ça devient un divertissement amusant et grisant. Comme une boîte à surprise, on ne sait jamais ce qui nous attend, ce qui se présente qu’une seule fois et dont tu essaies de capter. Avec un peu de chance, de spontanéité et d’inspiration, nos clichés deviennent mémorables.
Ma photo sur le vif surprenante…..
Sans hésiter, c’est le type avec son café McDo et la dame au travers de la fenêtre de ce fast food. C’est venu me chercher. J’ai tardé à publier cette photo. Non pas pour le respect à la vie privée, mais plutôt à cause de ce que dégage et ce que je ressens vis-à-vis ce cliché. Je la trouve sensible, dans un contexte difficile qui reflète une réalité bien présente.
Ma photo sur le vil préférée
Ou bien celle des deux sœurs assis sur le bord de la plage, belles, âge mûr, complicité, simplicité… ma sœur et moi quoi! (c’est à ça que je pense). Je l’appelle les deux sœurs.
Ce n’est pas tout à fait dans un milieu urbain toutefois il y a des personnages. Sur la plage, en Gaspésie, deux dames jasent sur un tronc d’arbre. Elles me regardent. Je remarque leur malaise en me voyant. Assez loin d’elles, je me penche et fais semblant d’ajuster mon objectif sans pointer directement sur elles avec le plus de discrétion possible. Toujours est-il que j’ai réussi à prendre quelques photos sans trop me faire voir, car je trouve important de ne pas choquer le sujet d’où ma discrétion pour la prise de vue.
Légère anicroche
Lors d’un safari photo, un homme s’aperçoit qu’il est dans ma mire. Il me dit : « M’dame, vous me prenez en photo? » contrarié de se faire photographier. Je lui ai répondu en m’approchant de lui :
- Vous savez , faisant partie d’un groupe photo pour la journée, je pratique certaines techniques que nous avons apprises ce matin
- Montre donc , me dit-il
Je lui montre sur mon appareil la photo que j’ai prise. Par chance, j’avais raté ma prise de vue et on n’y voyait qu’une moitié de lui ainsi qu’une moitié de l’immeuble. En discutant, je me suis rendu compte qu’il n’aimait toujours pas ; alors j’ai supprimé cette photo devant lui afin de le rassurer.
Et moi …
Vous ne serez pas étonné d’apprendre que de l’autre côté de la caméra, je ne suis pas à l’aise de me faire photographier et ça rien à voir avec la photographie. Je ne sais jamais comment me placer. Je ne me trouve pas photogénique et suis crispée devant un appareil photo. C’est fou… peut-être cordonnier mal chaussé.
Une photo, une histoire
Depuis un bon moment, je n’ai pas fait de photo. À l’approche de nos vacances estivales, je compte bien y remédier. M’entraîner l’œil à nouveau, me concentrer, me réapproprier les configurations de mon appareil et sûrement revenir d’une sortie photo déçue par manque d’exercice. Bon….les erreurs nous font apprendre. L’important sera de faire « un » cliché qui me plaira que je vous partagerai.
Allez, je vous souhaite, chers lecteurs, de bien belles vacances estivales. Adonnez-vous à l’art de regarder les gens autour de vous. Vous serez estomaqué de ce que vous découvrirez. Et dites-vous que les gens vous regardent aussi . 🤔 Don’t worry, be happy…
Arriverdici
En attente au Musée des Beaux-arts
Ma préférée, les deux soeurs
Un homme solitaire
Le coin caché, mais moi je les ai vu….
Décidément, il n’est pas intéressé au spectacle d’Hugo
Lequel je choisis ?
Place réservée
Cela semble sérieux !
Il lit quoi ?
Une autre de mes préférés
A go, on part! Vélo, auto, moto, pied; tous les moyens sont bons
On s’en va ou ?
Flexibilité pour …. une photo
Ni vu ni connu sauf le chien…
2 Commentaires
Sam
1 juillet 2021 a 17 h 11 minJ’adore ton blog!! Ta façon d’écrire, de prendre des photos, de voir la vie m’épate à chaque fois. Tu es vraiment une belle personne! Merci de partager avec nous des petits bouts de toi xox
Colette
2 juillet 2021 a 8 h 55 minMerci beaucoup pour le commentaire. C’est gentil et ca me fait plaisir de savoir que tu aimes lire mes articles et surtout de prendre le temps. A bientôt , bises xxx