Chroniques

Les granges, l’automne et les récoltes

« Parce que j’ai un faible pour les vieilles choses, celles qui ont une âme, les granges m’ont toujours inspirées ».

J’ai toujours eu un faible pour les granges.  Et ça remonte  à très loin. Je crois qu’elles ont une âme ces granges surtout qu’elles témoignent de  la volonté de défricher les terres agricoles lors des derniers siècles.  Y’a de l’histoire dans ces granges ! Elles font toujours parties de notre décor  bucolique. Il n’était pas rare de retrouver plusieurs bâtiments agricoles sur une ferme;  l’une non loin de l’autre.  Que ce soit grange-étable, poulailler,  écurie, porcherie, laiterie, caveau à légumes, silo en bois, etc nombre d’entres eux sont laissés pour compte dans le paysage et dans le patrimoine bâti des  campagnes québécoises.

La grange

Aux automnes de mon adolescence, saisons agréables et très riches grâce aux moissons; c’est à ce moment-là que mon père et ma mère entreprenaient la récolte des patates 7 jours sur 7 et au moins 8 h/jour; beau- temps mauvais temps, chaud ou froid aucune importance à moins d’une journée fort pluvieuse.  Je vous rappelle qu’ils étaient agriculteurs et producteurs de pommes de terre et ce, en plus de la ferme laitière. À mon souvenir la récolte se quantifiait à plusieurs tonnes de ce légume et je crois que l’arrachage des patates s’échelonnait sur une période d’environ 2 mois afin de vider tous les champs. La récolte se terminait souvent par temps très froid. Je me rappelle avoir porté un habit de « ski-doo » tellement il faisait froid! Les plants de pomme de terre étaient arrachés par une « arracheuse  » agricole équipé d’un convoyeur.  Nous passions rangée par rangée.  Dieu que c’était long. En plus, on ne pouvait compter sur  le voisinage pour nous distraire car les champs cultivés étaient assez profonds et situés au milieu de nulle part, dans un fond de rang de campagne entouré de boisés. Était-ce un paysage rêve? Faut relativiser car à 16 ans, être dans un paysage vide, bordé de bois, de bestioles sauvages et d’oiseaux, pas certaine 🙂

Du haut de « l’arracheuse à patates » à enlever soit les mottes de terre, les roches ou les patates pourrîtes, j’en avais du temps pour réinventer ma vie. J’étais assez imaginative. J’entends mon père me crier:  Aie! tu laisses passer des roches!  😣 Nous n’avions  ni Ipod, ni cellulaire pour nous mettre de la musique dans les oreilles. Niet! Seul le bruit de la machinerie agricole; bruit répétitif et ennuyeux, avec la même intensité. On se couchait le soir avec ce  bruit dans les oreilles pour l’avoir entendu toute la journée! Me semble que j’ai encore l’odeur de cette terre dans le nez!

Mon père engageait des employés durant la semaine, et la fin de semaine  ça  allait de soi que  nous, les enfants, étions la main d’œuvre du week-end, et nous devenions le jus de bras  (on avait pas le choix!)   Nous passions les journées  de fin de semaine à la récolte des patates. Nous arrêtions dîner dans une vieille grange située au bord de la route du lopin de terre.  Elle était carrée, directement construite sur le sol,  en lattes de bois naturels non peintes en rouge, avec des grandes portes en façade.  On y voyait au travers, toiture en tôle un peu rouillée et beaucoup de nids d’oiseaux à l’intérieur.  À mon souvenir, cette vieille grange n’était utilisée que pour du remisage de machineries et quelques vieux meubles.  Des plants de framboises sauvages, des petits sentiers, des herbes hautes  entouraient cette grange, en plus, il y avait un petit lac dont l’eau était utilisé uniquement pour l’arrosage. Ce n’était pas assez grand pour s’y perdre, sauf que pour passer le temps c’était suffisant. Alors donc, sur l’heure du dîner,  on se retrouvait dans cette grange.  Des odeurs  de terre mouillée, d’humidité, de poussière, d’huile  accompagnaient notre repas! Après le lunch, apporté par notre mère, à tout coup, notre père allait s’étendre sur un genre de vieille causeuse d’époque en cuir, assez maganée, qui traînait dans le fond du bâtiment parmi des équipements agricoles désuets. Il s’étendait de tout son long avec un gros nuage de poussière autour.   Pendant le temps de la sieste de mon père (+/- 20 à 30 min) soit on ramassait des framboises sauvages  ou soit on jouait à s’inventer des histoires.  Cette vieille grange est remplie d’histoires qu’elle seule connait.  Et surtout, aucun souci pour les bibites dangereuses mettant en péril notre vie, on savait même pas qu’elles existaient; Niet! Pas de tiques (maladie de Lyme), pas trop trop de maringouins (virus de Nil),  sauf les nids de guêpes ou il fallait faire attention. C’est tout! que de facilité pour jouer librement sans penser ni se soucier que nous étions en danger. Aujourd’hui par contre, il faut s’imprégner de chasse moustique, tout le temps; dommage.

En écrivant ce texte, je pense beaucoup à mes parents. Ils étaient passionnés de leur métier et engagés.  Je salue leur courage, leur ténacité car entretenir une culture, année après année, et ce tous les jours, matin, midi et soir, qu’il vente ou qu’il pleuve, ça  prenait beaucoup de courage. Et ils en avaient!

Et aujourd’hui?

 

En se promenant sur les différents  circuits touristiques, patrimoniaux, agricoles, les granges sont  encore bien présentes dans notre décor.  Nombre d’ entre elles font partie de l’histoire patrimoniale.

J’ai fait une belle découverte que celle de la « Maison Hurtubise ».  Lors de mon safari photo de cet été, nous avons fait un circuit pédestre dans Westmont. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une maison et sa grange restaurées en plein environnement urbain,  dans le quartier résidentiel de la ville « huppée »de Westmount.   La maison Hurtubise est une ancienne maison de ferme érigée en 1739.  Construite en pierre  des champs, elle possède des lucarnes ainsi qu’une longue galerie. Ce bien est classé immeuble patrimonial et fait partie du site patrimonial de la Maison-Hurtubise.  Nous pouvons, à certains moments, y déguster du thé et des biscuits tout en visitant des expositions, et admirer le décor nostalgique de la maison et ses jardins de fleurs ou de légumes.

Tout au long de mes ballades de cet été,  j’ai pris également plusieurs clichés des granges. La plupart sont en bois.  Beaucoup de granges et d’étables laitières sont souvent dépouillées, tombent en ruine ou laissées  à l’abandon. Je comprend toutefois les agriculteurs de ne pas les restaurées, car aujourd’hui la production agricole requiert des équipements de pointe et  des technologies avancées.  Certaines par contre furent restaurées et utilisées comme attrait touristique, boutique artisanale, salle de réception, vente de légumes, produit de la ferme, etc. Il fut également un temps ou  le toît de celles-ci servaient pour d’immenses  pubs de resto ou autres slogans qui se voyaient à des km.  Maintenant cette pratique est  légiférée.  Malgré l’avancement et la nécessité de la technologie que je comprends, je trouve quand même dommage de laisser aller ce patrimoine car ces bâtiments font partis de notre histoire.

La récolte

Qui  dit « Octobre » dit début de l’automne et de l’Action de grâce avec  le dernier long week-end avant la période des fêtes. Souligner la fête de l’Action de Grâces c’est « célébrer la récolte abondante ». Ça sent tu bon une récolte! Après une récolte ,y’a toujours une autre saison. Profitez-bien de cette moisson, admirez le paysage automnale de par ses couleurs et ses architectures diverses.

Daniel Bélanger chante: La plus belle saison de ma vie:

Nous serons vieux et frêles
Peut-être même séparés
Nos têtes pêle-mêle
Incapables et usées
Mais aujourd’hui je t’aime
Aujourd’hui pour l’éternité
T’es la plus belle saison de ma vie
La plus belle saison de ma vie

À part mon amoureux,  que j’aime à toute les saisons,  c’est l’automne que je préfère parmi  toutes.  Certes, j’aime les quatre saisons pour différentes raisons : le printemps pour le renouveau, l’été pour sa chaleur et la pause des vacances, et l’hiver parce que l’on a pas à travailler dehors. Par contre l’automne, pour sa féerie, son romantisme, son temps frais, son odeur, les journées de cocooning, le retour du chocolat chaud, etc 🙂 j’ai un petit faible, et vous ?

Joyeux automne!

Les granges, l'automne et la récolte

 

 

 

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